Aussi connu sous le nom de baleine bleue, le rorqual bleu est non seulement la plus grosse baleine, mais aussi le plus gros animal de la planète!
B285 est photographiée pour la première fois en aout 1994 par l’équipe de la Station de recherche des iles Mingan (MICS). Elle avait déjà une taille adulte, ce qui signifie qu'elle devait avoir entre 5 et 15 ans, peut-être même plus.
Un petit échantillon de sa peau prélevé par biopsie a permis de savoir que c'était une femelle. B285 a été revue à plusieurs reprises dans l’estuaire du Saint-Laurent au cours des 10 années précédant sa mort, en 2004. On la reconnaissait grâce aux motifs de taches visibles sur son corps; ces derniers sont différents pour chaque rorqual bleu.
Crédits: Mériscope
Photo du rorqual bleu B285 prise en 2003
Le 22 novembre 2004, une carcasse de rorqual bleu vient s’échouer à l’embouchure de la rivière Moisie, près de Sept-Îles. La forme des taches sur le dos révèle qu'il s'agit de B285. Il n’y avait pas de marques ou de cicatrices évidentes ni de signes de maladies, on ne sait donc pas pourquoi elle est morte.
Le 22 novembre 2004, une carcasse de rorqual bleu vient s’échouer à l’embouchure de la rivière Moisie, près de Sept-Îles. La forme des taches sur le dos révèle qu'il s'agit de B285. Il n’y avait pas de marques ou de cicatrices évidentes ni de signes de maladies, on ne sait donc pas pourquoi elle est morte.
Parce qu’elle est bien trop grande pour entrer au musée, le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) récupère uniquement ses mâchoires inférieures pour son exposition de squelettes à Tadoussac. Le reste de la baleine est enfoui directement sur place pour éviter que les odeurs de décomposition ne deviennent insupportables pour les citoyens. Des tonnes de graisse qui pourrissent, ça sent vraiment mauvais!
Crédits: GREMM
En voyant sa carcasse échouée sur la rive, on constate à quel point cet animal est immense.
Crédits: GREMM
Le rorqual bleu est tellement lourd que la grue peine à le retourner.
Crédits: GREMM
Un grand trou a été creusé dans le sable pour y enterrer B285. Elle s’y trouve probablement toujours.
Les fanons de B285 ont également été conservés. Les analyser permettrait d'obtenir des indices sur son parcours dans l'océan. En effet, la composition atomique des fanons est influencée par les conditions du milieu dans lequel ils ont baigné: température de l'eau, salinité, etc.
C'est la même chose avec nos cheveux: au fur et à mesure qu'ils poussent, ils gardent des traces de l'endroit où l'on vit. Qui sait, les fanons de B285 cachent peut-être les secrets de la migration de son espèce?
La distribution des rorquals bleus est assez étendue dans l’Atlantique Nord, mais où se rendent les rorquals bleus comme B285 lorsqu’ils quittent le Saint-Laurent? Ça, on ne le sait pas.
Crédits: GREMM
La couleur des fanons varie d’une espèce à l’autre. Ceux du rorqual bleu sont noirs.
On n’a jamais vu B285 avec un baleineau. Est-ce parce qu'elle n'en a jamais eu ou parce qu'elle se trouvait ailleurs quand elle avait un petit avec elle? Au cours des dernières décennies, on a vu très peu de baleineaux de cette espèce en péril dans le Saint-Laurent.
On sait que le Saint-Laurent est une aire d'alimentation pour ces baleines friandes de krill, mais lorsqu'elles quittent le secteur, ce qu'elles font et où elles vont est un mystère.
Crédits: René Roy
La mère B329 et son baleineau B567 nagent ensemble. Ils forment une des rares paires mère-veau vues dans le Saint-Laurent.
Malgré sa taille immense, un rorqual bleu comme B285 mange seulement de toutes petites proies. Ces baleines sont des spécialistes du krill, un petit crustacé qui ressemble à une crevette.
Elles doivent en engouffrer plus d’une tonne par jour pour subvenir à leurs besoins! Pour attraper chaque bouchée, la baleine doit dépenser de l’énergie, elle doit donc s’assurer que chacune d’elles soit rentable.
Crédits: NOAA NMFS SWFSC Antarctic Marine Living Resources (AMLR) Program
Crédits: Recherche faite par GEMM Lab de l'Université d'état d'Oregon. Captation par drone par Todd Chandler.
Contrairement à la majorité des baleines, qui possèdent des dents, certaines ont ce qu’on appelle des fanons. Chaque fanon est une plaque cornée avec un bord poilu. Ils poussent par centaines sur le palais, tous emboités les uns dans les autres, les poils vers l’intérieur.
Ils sont faits de kératine, la même protéine que nos cheveux et nos ongles. Ensemble, ils forment un immense tamis. On peut distinguer les espèces par leurs fanons.
Crédits: GREMM
On voit bien le palais recouvert de fanons de ce rorqual à bosse qui s’élance la bouche grande ouverte.
Crédits: GREMM
La baleine noire a des fanons de plus de 2 mètres de longueur.
Crédits: GREMM
Le petit rorqual a des fanons courts et blancs.
Crédits: GREMM
Le rorqual à bosse a des fanons courts et noirs.
Comment une baleine utilise-t-elle ses fanons?
Comment une baleine utilise-t-elle ses fanons?
Des baleines comme B285 et les autres rorquals utilisent une technique d’engouffrement pour se nourrir. Lorsqu’elles ouvrent la bouche, la peau sous leur menton s’étire comme un accordéon pour laisser entrer des milliers de litres d’eau dans laquelle nage la nourriture (poissons ou krill).
À chaque bouchée, la gorge double de volume. Mais la baleine ne peut pas se remplir le ventre d’eau salée. C’est là que les fanons trouvent leur utilité! Après sa bouchée, la baleine referme la bouche, laissant un petit espace entre ses lèvres; l’eau ressort alors à travers les fanons, mais pas la nourriture; comme des pâtes dans une passoire!
Comment une baleine utilise-t-elle ses fanons?
Une autre technique utilisée pour se nourrir est l'écrèmage. La bouche entrouverte, la baleine circule lentement pour que l’eau remplie de petites proies s’infiltre à l’intérieur de son immense bouche.
Les engouffreuses comme les baleines noires de l’Atlantique Nord et les autres baleines franches ont une rangée de très longs fanons de chaque côté de la bouche, avec un grand espace au milieu. C’est par là que l’eau et la nourriture s’infiltrent. Lorsqu’elles referment la bouche pour avaler leur bouchée, l’eau est expulsée à travers leurs fanons, gardant la nourriture prisonnière. Contrairement aux rorquals, elles n’ont pas de sillons ventraux.
Est-ce qu’une baleine pourrait nous avaler?
Même si sa bouche a la taille d’une piscine, un grand rorqual bleu ne pourrait pas avaler un humain! Pourquoi? Son œsophage est adapté à la taille de ses proies: son ouverture fait environ la taille d’un melon (15 à 25 cm).
Un plongeur s’est déjà fait prendre dans la bouche d’un rorqual alors qu’il nageait dans un banc de poisson… Il est chanceux de s’en être tiré indemne! Pas parce que la baleine aurait pu l’avaler, non, mais parce que sa mâchoire puissante aurait pu lui causer des fractures ou le noyer s’il n’était pas ressorti à temps.
Crédits: GREMM
Même un goéland serait trop gros pour être avalé par ce rorqual à bosse!
Comment font les baleines pour digérer la carapace des crustacés?
Les baleines n'ont pas de mains pour pouvoir décortiquer le krill comme on le fait avec les crevettes, mais ce n'est pas un problème, puisqu'elles peuvent digérer leur carapace. Comment? Grâce à leur flore intestinale.
Les groupes de bactéries présents dans le système digestif des baleines à fanons sont un hybride entre ceux des ruminants comme les vaches et ceux des carnivores comme les loups. Ces baleines peuvent ainsi digérer non seulement la chair des petits crustacés qu’elles mangent, mais aussi leur carapace!
Observer les baleines dans leur milieu naturel est une activité populaire. Certains voudraient les voir du plus près possible. Mais, en allant les voir de trop près, on risque aussi de les déranger.
Et plus on est dans un secteur où la concentration de bateau est élevé, plus le potentiel de dérangement est grand. On pourrait penser que si une baleine est dérangée, elle va tout simplement partir... mais ce n'est peut-être pas si simple.
Crédits: GREMM
Des bateaux de croisières attendent la sortie d’une baleine, ils doivent faire attention pour ne pas l'encercler et garder leur distance avec elle.
Comment sait-on si on dérange une baleine? Il faut être capable d’observer si elle change son comportement en notre présence.
Une étude réalisée dans le Saint-Laurent par le GREMM et Parcs Canada a permis de constater que lorsque les rorquals sont approchés de trop près ou par trop de bateaux en même temps, ils écourtent leur repas.
Des émetteurs ont été posés par le GREMM sur le dos de plusieurs rorquals pour enregistrer leur données de plongée et Parcs Canada a en même temps utilisé son échosondeur pour confirmer la présence de proies sous l’eau. En comparant des situations où il y avait des bateaux à des situations où il n’y en avait pas, on a constaté que lorsqu’il y avait trop de bateaux ou qu’ils étaient trop près, les rorquals prenaient moins de bouchées et remontaient plus rapidement.
Notre façon d’approcher les baleines a une influence sur leur comportement. Dans le Saint-Laurent, une baleine dérangée risque de moins manger…
B285 a-t-elle déjà été dérangée pendant son repas? Combien de fois cela peut-il se produire avant que la baleine en ressente les effets sur sa santé? Difficile à dire exactement, mais on sait qu’une femelle qui n’a pas assez de réserve en nourriture ne pourra pas se reproduire…
Crédits: GREMM
Ce rorqual bleu semble légèrement émacié. Plusieurs facteurs peuvent être en cause, mais il ne mange pas suffisamment pour l’énergie qu’il dépense et il est en train de puiser dans ses réserves.
Comment limiter le dérangement des baleines ?
En gardant nos distances avec les baleines.
Partout dans les eaux canadiennes, il est obligatoire de respecter une distance d’au moins 100 m avec tout mammifère marin. Dans le Saint-Laurent, cette distance est augmentée à 200 m et même à 400 m pour les espèces menacées ou en voie de disparition comme les bélugas et les rorquals bleus tels que B285.
Comment limiter le dérangement des baleines ?
En adoptant de bonnes pratiques de conduite sur l’eau.
Il faut éviter de couper la voie à une baleine ou de faire des accélérations rapides et des changements de direction brusque. Il est également important d'éviter d'encercler la baleine avec trop de bateaux.
Crédits: GREMM
Un bateau d’excursion en observation d’un rorqual à bosse s’éloigne doucement pour garder ses distances et ne pas couper la voie à la baleine.
Comment font les baleines pour digérer la carapace des crustacés?
Les baleines n'ont pas de mains pour pouvoir décortiquer le krill comme on le fait avec les crevettes, mais ce n'est pas un problème, puisqu'elles peuvent digérer leur carapace. Comment? Grâce à leur flore intestinale.
Si l’on part sur l’eau avec une compagnie d'excursion, on peut prendre le temps de s’informer pour s’assurer que cette dernière est soucieuse dans son approche des baleines et, surtout, on n’encourage pas le capitaine à aller voir de plus près!
Un rorqual bleu fait surface en surprenant deux témoins. Suivant ce spectacle inattendu, ces observateurs chanceux devront poursuivre leur chemin pour maintenir une bonne distance avec la baleine.
Maintenant que vous avez découvert l'histoire de B285, partez à la rencontre des autres baleines!
Rorqual bleu
Balaenoptera musculus
Caractéristiques
Rorquals bleus de l'Atlantique Nord-Ouest
Poids
50 à 110 tonnes, jusqu'à 135 tonnes
Taille
21 à 28 m
Longevité
80 ans
Population
600 à 1500 individus
Statut
En voie de disparition
B285
Poids
inconnu
Taille
22 m
Naissance - Décès
Avant 1989 - Novembre 2004
Numéro d’identification
B285
Sexe
Femelle
Voici les os de la machoire de B285. Ce sont les seuls os qui ont été récupérés pour l'exposition, le reste du squelette étant trop gros pour entrer dans la salle d'exposition du Centre d'interprétation des mammifères marins à Tadoussac.
Rorqual bleu
Balaenoptera musculus
Caractéristiques
Rorquals bleus de l'Atlantique Nord-Ouest
Poids
50 à 110 tonnes, jusqu'à 135 tonnes
Taille
21 à 28 m
Longevité
80 ans
Population
600 à 1500 individus
Statut
En voie de disparition
B285
Poids
inconnu
Taille
22 m
Naissance - Décès
Avant 1989 - Novembre 2004
Numéro d’identification
B285
Sexe
Femelle
Voici les os de la machoire de B285. Ce sont les seuls os qui ont été récupérés pour l'exposition, le reste du squelette étant trop gros pour entrer dans la salle d'exposition du Centre d'interprétation des mammifères marins à Tadoussac.