Reconnus pour être bavards, les bélugas ont une vie sociale bien remplie.
Les chercheurs du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins (GREMM) ont photographié Athéna pour la première fois en 1989.
On la reconnait entre autres par sa cicatrice profonde aux contours dentelés sur son flanc droit. Depuis cette première rencontre, elle a été revue tous les ans, sauf en 1990.
Crédits: GREMM
Dos d'Athéna (flanc droit) photographié en 2018.
Années pendant lesquelles Athéna a été observée.
Le 29 juillet 2018, une carcasse de béluga est repérée par deux témoins dans le fiord du Saguenay. Ils appellent Urgences Mammifères Marins. Grâce à leurs photos, les chercheurs reconnaissent Athéna !
Pourtant, elle avait été photographiée deux jours plus tôt, bien vivante ! Elle est transportée à la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal pour une nécropsie, le nom donné aux autopsies des animaux… L'analyse n'a pas permis d'identifer la cause de la mort. Athéna est morte à l'âge de 45 ans.
Crédits: Raymond Cardin
La carcasse d'Athéna à la dérive dans le fiord du Saguenay. On reconnait qu’il s’agit d’une carcasse et non d’un béluga au repos, car le corps de l’animal est tourné sur le côté et on aperçoit sa nageoire pectorale.
Crédits: GREMM
La carcasse de DL0030, appelée Athéna, est sortie de l’eau pour être amenée vers la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Crédits: GREMM
Stéphane Lair et son équipe de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal effectuent une nécropsie pour tenter de découvrir les causes de la mort. (Il ne s’agit pas d’Athéna sur cette photo, mais d’un béluga mâle adulte)
Lors de la première rencontre, Athéna avait au moins 14 ans. Comment le sait-on ? Parce qu'elle était déjà toute blanche.
Eh oui, les bélugas changent de couleur avec l'âge ! Ils naissent café au lait, deviennent bleu-gris, puis gris vers 3 ans. Ils pâlissent et deviennent vraiment blancs entre 14 et 16 ans.
Crédits: GREMM
Il est possible de classer ces trois bélugas du plus vieux au plus jeune par leur couleur : le plus foncé étant le plus jeune et le plus clair, le plus vieux.
Crédits: GREMM
Femelle adulte et son veau de l'année.
Crédits: GREMM
Femelle adulte et son petit d'un ou deux ans, que l'on surnomme bleuvet à cause de sa couleur bleu-gris.
Athéna appartenait à la communauté de bélugas qui fréquente le fiord du Saguenay. Grâce à la recherche, on a pu constater que les bélugas utilisent le même territoire chaque été.
Les mâles et femelles se tiennent généralement dans des groupes séparés. Ils côtoient aussi certains individus plus couramment que d’autres. Les compagnes d'Athéna étaient Slash, Blanche, Blanchon, Griffon et Élizabeth.
Pendant l'été, la répartition des bélugas du Saint-Laurent est centrée autour de Tadoussac. On divise la répartition de la population en trois principaux secteurs: le secteur amont, le secteur centre et le secteur aval.
Pour rester en contact avec ses compagnes ou les retrouver après une séparation, Athéna utilisait probablement ce qu’on appelle un « cri de contact ».
Notre collaboratrice, Valeria Vergara d'Ocean Wise, a découvert que c’est le premier cri qu’ils apprennent étant petits, mais ils doivent le travailler pour qu’il devienne aussi fort et clair que celui des adultes.
Crédits: Valeria Vergara, Ocean Wise
Les images et les sons ont été captés à la baie Sainte-Marguerite dans le Saguenay à l'aide d'un drone et d'un hydrophone. On reconnait les cris de contacts des bélugas; ils ressemblent à des portes qui grincent.
Comment Athéna et les autres baleines à dents produisent-elles des sons ?
Comment Athéna et les autres baleines à dents produisent-elles des sons ?
Les sons ne sont pas produits par des cordes vocales dans le larynx comme nous, mais par des structures semblables à l'intérieur de leur évent. Puis, pas besoin d'ouvrir la bouche pour parler, le son est transmis directement à travers le melon.
1. Tout d'abord, l'air passe dans les conduits nasaux, cela fait vibrer les lèvres phoniques et produit un son. On peut en quelque sorte dire que ces baleines parlent du nez !
2. Ensuite, les ondes sonores traversent le melon avant d'être émis dans l'environnement. Le melon agit comme une lentille acoustique. En d'autres mots, le melon va ajuster les sons, un peu comme des lentilles de vue ajustent les images.
3. Enfin, comment font les baleines pour produire des sons en retenant leur souffle ? Essayez... vous verrez que ça ne marche pas très bien. Grâce à leurs sacs vestibulaires, elles peuvent stocker l'air et le réutiliser pour produire des sons.
Comment les baleines à fanons produisent-elles les sons ?
Ces baleines n'ont pas de lèvres phoniques ou de melon. On pense plutôt que les sons sont produits au niveau de la gorge, un peu comme nous avec nos cordes vocales.
Mais pour éviter de laisser échapper l'air à l'extérieur, elles possèdent aussi une sorte de sac dans leur larynx, le sac laryngé. Cela leur permet de recycler l'air et d'émettre un nouveau son, sans avoir à reprendre une inspiration.
Comment les baleines font-elles pour entendre ?
Les sons sont captés par la mâchoire et transmis jusqu'au bulbe tympanique. Cela fait vibrer les osselets, ce qui fait vibrer la cochlée qui envoie le signal au cerveau.
1. On pense que c'est d'abord leur mâchoire qui capte les sons. Contrairement aux humains, elles ne possèdent pas d'oreilles externes. La machoire des baleines est creuse et à l'intérieur se trouve un tissu graisseux: la fenêtre acoustique.
2. Les sons voyagent ensuite par la fenêtre acoustique jusqu'au bulbe tympanique (l'os qui protège l'oreille moyenne). Chez les baleines, il est à l'extérieur du crâne et a une paroi très épaisse.
3. Ensuite, le son fait vibrer le bulbe tympanique, ce qui fait vibrer les petits osselets qui se trouvent à l'intérieur, qui à leur tour font vibrer la cochlée (le petit organe en colimaçon de l'oreille interne). La cochlée envoie ensuite le signal au cerveau.
Comment fonctionne l'écholocalisation ?
L'écholocalisation permet aux baleines à dents de savoir à quelle distance se trouve un objet, mais aussi de connaitre sa densité. Cela fonctionne comme un sonar naturel. La baleine produit des clics de très hautes fréquences et capte leurs échos.
Faites le test !
Cognez sur du métal, sur du bois ou sur du verre... Cela produit-il le même son ? Non. De la même façon, l’écho qui revient vers la baleine ne sera pas le même selon la densité de l’objet ou de la proie qu’elle a sondé.
Que faire pour contrer la pollution sonore ?
Le simple fait de réduire la vitesse d’un bateau peut le rendre moins bruyant.
Dans le Parc Marin du Saguenay - Saint-Laurent, on demande aux navires marchands de réduire volontairement leur vitesse à 10 noeuds, entre autres pour réduire le bruit dans l'habitat des bélugas. Selon les données recueillies, la majorité des navires respectent aujourd'hui cette demande.
Crédits: GREMM
Le moteur fait tourner les hélices qui propulsent le bateau. Plus le bateau accélère, plus son moteur, et donc ses hélices, tournent vite. En général, cela produit aussi plus de bruit.
Que faire pour contrer la pollution sonore ?
En protégeant des zones du passage des bateaux ou d’autres activités bruyantes, on crée des zones plus calmes, les refuges acoustiques.
C'est le cas de la baie Sainte-Marguerite, dans le Saguenay. Depuis 2018, ce lieu de rassemblement pour les bélugas de la communauté d'Athéna est fermé à la navigation durant l'été.
Crédits: GREMM
La baie Saint-Marguerite est un lieu de rassemblement pour de nombreux bélugas du Saint-Laurent.
Comment faire sa part pour aider à contrer la pollution sonore ?
Les bateaux de plaisance sont parmi les plus présents sur le Saint-Laurent et le Saguenay. Il est donc possible de faire sa part en faisant attention à sa propre conduite sur l'eau.
Par exemple, en réduisant sa vitesse et en respectant ses distances avec les bélugas et les autres mammifères marins, on peut contribuer à améliorer leur environnement sonore.
Crédits: GREMM
Plusieurs plaisanciers naviguent dans l'habitat des baleines; tous ont leur rôle à jouer pour assurer une bonne cohabitation avec la faune marine.
Maintenant que vous avez découvert l'histoire d'Athéna, partez à la rencontre des autres baleines!
Béluga
Delphinapterus leucas
Caractéristiques
Bélugas du Saint-Laurent
Poids
700 à 1500 kg jusqu'à 2000 kg
Taille
2,5 à 4,5 m jusqu'à 5 m
Longevité
60 ans
Population
900-1000 individus
Statut
En voie de disparition
Athéna
Poids
633 kg
Taille
3,63 m
Naissance - Décès
1973 - juillet 2018
Numéro d’identification
DL0030
Sexe
Femelle
Photo d'un véritable squelette de béluga. Il ne s'agit toutefois pas d'Athéna, car nous n'avons pas conservé son squelette. On en connait bien peu sur l'histoire de cet individu du Saint-Laurent qui a été récupéré dans les années 80. Mais qui sait, Athéna l'a peut-être déjà rencontré!
Béluga
Delphinapterus leucas
Caractéristiques
Bélugas du Saint-Laurent
Poids
700 à 1500 kg jusqu'à 2000 kg
Taille
2,5 à 4,5 m jusqu'à 5 m
Longevité
60 ans
Population
900-1000 individus
Statut
En voie de disparition
Athéna
Poids
633 kg
Taille
3,63 m
Naissance - Décès
1973 - juillet 2018
Numéro d’identification
DL0030
Sexe
Femelle
Photo d'un véritable squelette de béluga. Il ne s'agit toutefois pas d'Athéna, car nous n'avons pas conservé son squelette. On en connait bien peu sur l'histoire de cet individu du Saint-Laurent qui a été récupéré dans les années 80. Mais qui sait, Athéna l'a peut-être déjà rencontré!