Piper
Les baleines noires sont de grosses baleines lentes et dodues, au palais tapissé de longs fanons noirs et à la tête couverte de callosités!
Il y a trois espèces de baleines noires, mais il ne reste qu'une petite population de celle de Piper qui vit dans l'Atlantique Nord.
Piper a été identifiée pour la première fois en janvier 1993, au large de la Floride, par l’équipe du New England Aquarium. On croit qu’elle était alors âgée de 2 ans.
Piper a été identifiée pour la première fois en janvier 1993, au large de la Floride, par l’équipe du New England Aquarium. On croit qu’elle était alors âgée de 2 ans.
On la reconnait entre autres par les cicatrices blanches sur son dos et la forme des callosités sur son rostre. Piper passe ses hivers au large de la côte Est américaine, puis ses étés dans la baie de Fundy en Nouvelle-Écosse. Au cours de sa vie, elle aura donné naissance à 3 baleineaux, soit en 2006, 2009 et 2013.
Crédits: New-England Aquarium
Dos de Piper (flanc droit) photographié en 2003
Crédits: New-England Aquarium
Piper et ses différentes marques d’identification. Le "trou" pointé sur le schéma correspond à la cicatrice en forme de trou visible sur la photo de Piper présentée plus haut. C'est une cicatrice qui a été laissé par l'émetteur satellite posé sur Piper au mois d'aout 2000, lors d'une étude de l'Université de l'Oregon visant à mieux comprendre l'habitat d'été de la population. Cet émetteur est demeuré accroché près de 126 jours à la peau de Piper avant de tomber par lui-même.
Le 24 juin 2015, une carcasse de baleine noire est repérée, flottant à la dérive au large de Percé, en Gaspésie. La carcasse a été remorquée sur la rive deux jours plus tard afin que les vétérinaires puissent l’examiner.
Le 24 juin 2015, une carcasse de baleine noire est repérée, flottant à la dérive au large de Percé, en Gaspésie. La carcasse a été remorquée sur la rive deux jours plus tard afin que les vétérinaires puissent l’examiner.
Malheureusement, la cause de sa mort n’a pas pu être déterminée, mais on sait que ce n'était pas une collision ou un empêtrement. La carcasse a été dépecée, ses os ont été nettoyés, puis le squelette a été remonté pour être exposé au Centre d’interprétation des mammifères marins de Tadoussac.
Crédits: baleine_noire/piper_remorquage_carcasse_GREMM.jpg
24 juin 2015: À 12h45, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins reçoit l’avis d’une carcasse de baleine noire de l’Atlantique Nord à la dérive entre l’ile Bonaventure et le cap Blanc, près de Percé. La lourde carcasse est tirée avec difficulté vers la terre et ancrée à L’Anse-à-Beaufils. 25 juin 2015: Pendant 12 longues heures, le crabier Caroline H remorque Piper vers Newport.
Crédits: GREMM
26 juin 2015: À 8 h, la baleine est dirigée vers le port pour y être soulevée hors de l’eau à l’aide de sangles, puis déposée sur un fardier trois heures plus tard. Ensuite, l’équipe fait face à un nouveau défi: les nageoires pectorales, trop grosses, dépassent du fardier. Pour bien emballer la baleine, on perce des trous dans les énormes nageoires. Le fardier se dirige ensuite vers la municipalité de Saint-Alphonse-de-Caplan, à 1h30 de route, pour y être dépecée et nécropsiée dans un dépotoir.
Crédits: Steve Morin
27 juin 2015: L’équipe du dépeçage est constituée du GREMM, de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal (dirigée par Stéphane Lair) ainsi que de plusieurs bénévoles. L’animal est en état de décomposition trop avancé pour déterminer la cause de sa mort.
Crédits: GREMM
28 juin 2015: Après 20 h de travail acharné à 15 personnes, le dépeçage est enfin complété en fin de journée. Tous les os et le crâne sont embarqués à bord d’un camion à 10 roues qui se dirigera vers la Ferme 5 étoiles, dans la municipalité de Sacré-Cœur, près de Tadoussac.
Quand on a retrouvé Piper au large de la Gaspésie en 2015, c'était une immense surprise. À cette époque, les baleines noires s'alimentaient surtout dans la baie de Fundy.
Quand on a retrouvé Piper au large de la Gaspésie en 2015, c'était une immense surprise. À cette époque, les baleines noires s'alimentaient surtout dans la baie de Fundy.
Toutefois, depuis 2017, elles ont délaissé cette baie et nagent en grand nombre dans le golfe du Saint-Laurent. Des chercheurs croient que les proies des baleines noires ont dû changer d’habitat avec le réchauffement des eaux, entrainant les baleines à leur suite.
Cette carte indique la répartition des baleines noires de l’Atlantique Nord telle qu’elle était observée avant 2015. La zone jaune représente une observation plus fréquente, alors que la zone bleu représente une observation plus rare. Aujourd’hui, si la tendance se maintient, la zone du golfe du Saint-Laurent deviendra une zone d’observation fréquente.
En anglais, les baleines noires ou baleines franches sont appelées "Right Whales", car à l'époque, elles étaient considérées comme les «bonnes baleines» à chasser.
En anglais, les baleines noires ou baleines franches sont appelées "Right Whales", car à l'époque, elles étaient considérées comme les «bonnes baleines» à chasser.
Elles se déplaçaient lentement, ce qui les rendait faciles à attraper, et, une fois mortes, elles flottaient à cause de leur épaisse couche de graisse. Même si elles sont désormais protégées, elles ont été décimées par la chasse. Piper fait partie de la dernière population de baleines noires de l'Atlantique Nord.
Crédits: Charles d'Orbigny
Illustration historique d’une chasse à la baleine franche.
Crédits: Palme Production
Lorsqu’elles meurent, les baleines noires (comme Piper ci-dessus) flottent à cause de leur épaisse couche de graisse. La majorité des baleines, elles, coulent et remontent à la surface seulement lorsque les gaz de putréfaction les font gonfler.
En plus d'être lente et dodue, une baleine noire comme Piper se distingue aussi par son souffle. Au lieu de former une colonne ou un nuage, comme la plupart des baleines, son souffle prend la forme d'un V.
En plus d'être lente et dodue, une baleine noire comme Piper se distingue aussi par son souffle. Au lieu de former une colonne ou un nuage, comme la plupart des baleines, son souffle prend la forme d'un V.
Cela s'explique par la position de ses narines, appelées évents, qui sont plus écartées. Le souffle de la baleine noire peut faire 5 m de hauteur. Pour les grandes baleines, c'est souvent le premier élément qui permet de les repérer, car, par temps dégagé, il peut être visible à des kilomètres.
Crédits: GREMM
On reconnait le souffle en V typique de la baleine noire.
Si on peut voir le souffle des baleines, c'est qu'elles doivent, comme nous, respirer à la surface!
Elles sont toutefois bien meilleures que nous pour retenir leur respiration.
Combien de temps plonge une baleine?
Combien de temps plonge une baleine?
Toutes les baleines n'ont pas les mêmes capacités pour la plongée, mais la durée de leur plongée est adaptée à leur mode de vie. Un marsouin n'a pas besoin de retenir son souffle aussi longtemps que le cachalot, qui descend dans les grandes profondeurs pour trouver ses proies. Il y a aussi une différence entre la plongée moyenne d'une baleine, illustrée par la bande bleue sur le graphique, et sa capacité maximale, illustrée par la bande rouge.
Comment Piper et les autres baleines font-elles pour retenir leur souffle aussi longtemps ?
En fait, les baleines n'ont pas à «retenir» leur souffle, elles doivent au contraire penser à respirer... Un peu comme nous devons penser à manger quand nous avons faim.
Comment Piper et les autres baleines font-elles pour retenir leur souffle aussi longtemps ?
En fait, les baleines n'ont pas à «retenir» leur souffle, elles doivent au contraire penser à respirer... Un peu comme nous devons penser à manger quand nous avons faim.
Assez pratique quand on passe plus de 80% de son temps sous l'eau! Quand Piper voulait respirer, elle devait contracter ses narines, qui sont naturellement en position fermée, pour que l'air puisse passer. Ça lui évite aussi d'avoir de l'eau dans le nez!
Crédits: NOAA/NMFS
Baleine noire avec ses narines (évents) en position fermée.
Crédits: NOAA
Baleine avec ses narines (évents) en position ouverte.
Comment Piper et les autres baleines font-elles pour avoir une respiration aussi efficace?
L’humain échange 13-14% de l'air de ses poumons à chaque respiration, alors qu’une baleine en renouvelle environ 85%.
Comment Piper et les autres baleines font-elles pour avoir une respiration aussi efficace?
L’humain échange 13-14% de l'air de ses poumons à chaque respiration, alors qu’une baleine en renouvelle environ 85%.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les baleines n'ont pas une respiration plus efficace parce qu'elles ont d’énormes poumons par rapport à leur taille. Toutes proportions gardées, ils sont même plus petits que les nôtres!
Où les baleines accumulent-elles leurs réserves en oxygène lorsqu'elles partent en plongée ?
Les baleines accumulent l'oxygène directement dans leurs muscles, grâce à une molécule qu'on appelle la myoglobine.
Où les baleines accumulent-elles leurs réserves en oxygène lorsqu'elles partent en plongée ?
Les baleines accumulent l'oxygène directement dans leurs muscles, grâce à une molécule qu'on appelle la myoglobine.
Cette molécule est semblable à l'hémoglobine, qui permet de transporter l'oxygène dans le sang. C'est pourquoi les baleines n'ont pas besoin de plus gros poumons, car ce n'est pas là qu'elles conservent leurs réserves en oxygène pour la plongée... De toute façon, garder une grosse poche d'air quand on cherche à plonger en profondeur, ce n'est pas très pratique!
Comment Piper et les autres baleines font-elles pour économiser leurs réserves en oxygène ?
Lorsqu'elle part en plongée, le cœur de la baleine se met à battre beaucoup plus lentement. Cela lui permet de redistribuer le sang oxygéné du cœur vers les autres muscles dont elle a besoin pour se déplacer et attraper sa nourriture.
Comment Piper et les autres baleines font-elles pour économiser leurs réserves en oxygène ?
Lorsqu'elle part en plongée, le cœur de la baleine se met à battre beaucoup plus lentement. Cela lui permet de redistribuer le sang oxygéné du cœur vers les autres muscles dont elle a besoin pour se déplacer et attraper sa nourriture.
Lorsqu'elle remonte à la surface, son cœur commence à battre beaucoup plus vite afin de faire circuler le sang dans son corps pour le nettoyer de tout le dioxyde de carbone accumulé et lui apporter du nouvel oxygène.
Le rythme cardiaque a déjà été mesuré sur un rorqual bleu. Il pouvait atteindre 30 à 37 battements par minute en surface et descendre aussi bas que 2 battements par minute en plongée. On croit que cela pourrait être semblable chez une baleine noire. En comparaison, un humain à un rythme cardiaque de 60 à 100 battements par minute.
Une grande respiration, et Piper plonge pour chercher des proies. Elle n’est pas la seule: les humains aussi ont descendu leur matériel de pêche sous l’eau pour se nourrir…
Quand Piper s'alimente dans un endroit où des activités de pêche sont pratiquées, elle court le risque de s'emmêler dans un filet, un casier ou un cordage...
Quand Piper s'alimente dans un endroit où des activités de pêche sont pratiquées, elle court le risque de s'emmêler dans un filet, un casier ou un cordage...
Autour d’elle, l’eau ressemble alors à une forêt de cordages... un terrain risqué. Lorsqu'on ne possède pas de mains, se dégager de ces entraves est compliqué, et gesticuler peut empirer la situation. Des secteurs riches en nourriture comme le fleuve Saint-Laurent sont risqués, car ils attirent autant les baleines que les pêcheurs.
Le cordage reliant les bouées aux casiers est une menace d’empêtrement pour les baleines noires.
Au cours de sa vie, Piper s’est empêtrée au moins 2 fois. Et elle n’est pas la seule! Plus de 85% des baleines noires se sont déjà retrouvées dans cette situation.
Au cours de sa vie, Piper s’est empêtrée au moins 2 fois. Et elle n’est pas la seule! Plus de 85% des baleines noires se sont déjà retrouvées dans cette situation.
Dans son cas, Piper pouvait toujours nager malgré les cordages qui l’entouraient. La 2e fois, en 2002, des équipes spécialisées ont tenté à plusieurs reprises de la dépêtrer, mais sans succès. Les cordages se sont finalement défaits d’eux-mêmes en 2006.
Crédits: New England Aquarium
Photo de Piper prise en 2004 alors qu’elle trainait toujours le cordage qui l’entourait depuis 2002.
Un empêtrement peut nuire à la baleine dans sa capacité à se déplacer, à se nourrir, à se reproduire et peut même causer sa mort.
Un empêtrement peut nuire à la baleine dans sa capacité à se déplacer, à se nourrir, à se reproduire et peut même causer sa mort.
Les empêtrements constituent l'une des principales causes de mortalité connues chez les baleines noires. Il s'agit également d'un problème pour les pêcheurs, qui, du même coup, perdent leur matériel de pêche et leurs prises.
Crédits: NOAA News Archive 123110
Baleine noire empêtrée
Comment faire pour réduire les risques d'empêtrements ?
En utilisant des engins de pêche sans cordage
En évitant d’installer du matériel de pêche dans les zones les plus fréquentées par les baleines.
Comment faire pour réduire les risques d'empêtrements ?
En utilisant des engins de pêche sans cordage
Actuellement, pour la pêche au crabe, on utilise une bouée qui flotte à la surface, reliée par une corde aux casiers qui coulent vers le fond. De nouvelles techniques sont envisagées, utilisant des bouées sous-marines qui peuvent être «appelées» vers la surface uniquement au moment où les pêcheurs ont besoin de les récupérer, donc pas de cordages qui trainent entretemps. Toutefois, cette technologie coute cher et n’est pas encore tout à fait au point.
Une solution au risque d’empêtrement dans le cordage reliant les bouées aux casiers est de garder les bouées au fond de l’eau et de pouvoir les faire remonter juste au moment où on en a besoin.
Comment faire pour réduire les risques d'empêtrements ?
En évitant d’installer du matériel de pêche dans les zones les plus fréquentées par les baleines.
On évite ainsi le plus possible qu’une baleine entre en contact avec le cordage. Mais choisir quelle zone fermer, quand et pour combien de temps ne se fait pas au hasard! Effectuer un suivi régulier pour repérer la présence des baleines devient un outil essentiel à la prise de décision.
Aperçu des mesures de gestion des zones de pêche du Gouvernement du Canada pour l’année 2020.
Comment faire sa part pour aider à réduire les empêtrements ?
Rechercher des produits de la mer issus d’une pêche responsable.
En utilisant des engins de pêche sans cordage
En évitant d’installer du matériel de pêche dans les zones les plus fréquentées par les baleines.
En s’informant sur la provenance du produit et la façon dont il a été pêché fera en sorte d'encourager de meilleures pratiques et ne sera pas uniquement bénéfique pour les baleines noires, mais pour toute la faune marine. On peut s’aider en recherchant des produits certifiés.
Maintenant que vous avez découvert l'histoire de Piper, partez à la rencontre des autres baleines!
Baleine noire de l'Atlantique Nord
Eubalaena glacialis
Caractéristiques
Baleines noires de l'Atlantique Nord
Poids
30 à 70 tonnes
Taille
13 à 17 m
Longevité
Probablement plus de 70 ans
Population
environ 356 individus
Statut
En voie de disparition
Piper
Poids
34,6 tonnes
Taille
13,9 m
Naissance - Décès
1991 (estimée) - Juin 2015
Numéro d’identification
2320
Sexe
Femelle
Photo du squelette de Piper. Dans sa bouche, on y voit son immense «dentier» de fanons. Ce squelette de baleine noire de l'Atlantique Nord est exposé au Centre d'interprétation des mammifères marins à Tadoussac.
Baleine noire de l'Atlantique Nord
Eubalaena glacialis
Caractéristiques
Baleines noires de l'Atlantique Nord
Poids
30 à 70 tonnes
Taille
13 à 17 m
Longevité
Probablement plus de 70 ans
Population
environ 356 individus
Statut
En voie de disparition
Piper
Poids
34,6 tonnes
Taille
13,9 m
Naissance - Décès
1991 (estimée) - Juin 2015
Numéro d’identification
2320
Sexe
Femelle
Photo du squelette de Piper. Dans sa bouche, on y voit son immense «dentier» de fanons. Ce squelette de baleine noire de l'Atlantique Nord est exposé au Centre d'interprétation des mammifères marins à Tadoussac.
Faites pivoter la baleine avec la souris ou les doigts. Pour la navigation clavier, utiliser les flèches.
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